Radio
Air Libre est une radio socioculturelle reconnue par la
Communauté française de Belgique. Sans sponsor et sans
publicité, elle est gérée collectivement par ses membres,
animatrices et animateurs.
Depuis sa création en 1980, Radio Air Libre existe pour celles
et ceux qui trouvent trop souvent porte close dans les médias
traditionnels.
Pour
conserver sa totale liberté d’expression, Radio Air Libre est
complètement indépendante de tout groupe politique ou
commercial. Depuis 1980 des centaines de personnes ont assuré
l'existence de la radio. Nous envisageons la radio comme un
dialogue et non comme un rinçage d’oreilles...
À 500 mètres de l’usine
Lubrizol qui a brûlé dans la nuit du
26 septembre 2019 se situe l’aire d’accueil
des gens du voyage de
Rouen/Petit-Quevilly, qui est gérée par la
métropole de Rouen.
Pour ce terrain situé en
zone Seveso, qui ne possède aucun local de
confinement, aucun plan d’évacuation n’avait
été prévu.
Pendant la nuit de l’incendie, et
contrairement aux autres habitants du
voisinage, les habitants des trente
caravanes de l’aire n’ont reçu aucune
information.
Le seul message à leur
attention a été le suivant : « Si vous
voulez évacuer, faites-le, mais les
caravanes restent ici. »
Parmi les Voyageurs français, beaucoup ont été très émus par l’incendie de l’usine Lubrizol de Rouen. Ceux qui se trouvent actuellement sur des aires d’accueil ici et là en France se sont immédiatement identifiés aux Voyageurs présents au moment de l’incendie. D’autres aires d’accueil sont également situées en zone Seveso, beaucoup dans des zones industrielles, plaçant ainsi les gens du voyage parmi les premières victimes des inégalités sanitaires et environnementales
Une habitante de l’aire d’accueil de Petit-Quevilly a accepté de raconter la nuit de l’incendie. Soucieuse de conserver son anonymat, elle a suggéré de lui donner pour nom
Mise à l’écart.
LF : Est-ce qu’il est possible de savoir comment vous avez vécu la nuit de l’incendie ?
Mise à l’écart :
On était à 500 mètres à peine. De l’aire d’accueil, il y a une route et un mur, de là on voyait l’incendie d’à peine 300 mètres. Au moment des explosions, on voyait des tonneaux exploser, qui montaient à plus de 50 mètres de hauteur. C’est à ce moment-là qu’on a vraiment eu peur. Mais l’usine en face de chez nous, à 5 mètres de la place, c’est l’usine Total. Et on a eu peur aussi que les flammes atteignent cette usine Total dont seulement 5 mètres nous séparent.
Et qu’avez-vous fait pendant la nuit ? Le feu s’est déclaré à 2h30 du matin, y’avait 240 pompiers juste à côté de la place. Ils nous ont dit : « On ne va pas vous laisser brûler. » Pas plus pas moins. Mais c’est nous qui sommes allés les voir. Ensuite, on ne s’est pas remis au lit, on est resté éveillés. Le lendemain personne n’est venu, sauf le gardien de l’aire d’accueil qui nous a passé des masques. Et c’est nous qui sommes allés les voir pour leur dire : « Monsieur, on a des picotements dans la bouche ». Ils nous ont dit : « Venez, on va vous faire un test. » Ils nous ont mis un truc au bout du doigt, c’était pour la tension. C’est ça que j’appelle le test, mais c’est nous qui sommes allés les voir.
Est-ce que vous vouliez fuir ? À ce moment-là on voulait fuir, mais on a attendu et surveillé les enfants. Il y a une aire d’accueil à Bois-Guillaume : les toits des caravanes à mes cousines sont complètement brûlés.
Est-ce que quelqu’un de la préfecture ou de la mairie est venu vous voir ?
Ils nous ont dit : « Si vous voulez évacuer faites-le. Mais les caravanes restent ici. » C’est pas normal non ?
Vous a-t-on tenus informés d’une manière ou d’une autre ? Non, personne n’est venu, il y a juste une chaîne de Youtube qui s’appelle Le Media qui est venu m’interroger. Ça passe sur Youtube, c’est moi qui parle. Je ne l’ai pas encore regardée, c’était hier. Ensuite la police a bloqué. Elle a fait un périmètre de 500 mètres pour la circulation. Les
gadjé [2] passaient avec les autos, pas de contrôle. Nous, on passait pour aller au tabac ou aux courses, ils nous contrôlaient. Bizarre. Pourquoi alors ?
Vous étiez dans le périmètre des 500 mètres ?
Oui, on était dans le périmètre de 500 mètres. Ensuite, sur un parking, on voyait les pompiers de loin qui montaient des tentes pour les riverains, pour les tests, les vrais, et nous rien.
Est-ce qu’il y a un endroit sur l’aire où vous pouvez vous tenir protégés ? Un local fait pour les urgences comme celle-ci ?
Non, rien pour nous réfugier, à part les caravanes.
Rien pour vous ? Là encore, juste sur le côté de la place, il y a huit camions de police et des motards.
Et tout à l’heure l’usine fumait encore, c’est incroyable !
Et après, que s’est-il passé ?
Eh bien, on a attendu, attendu, comme des gens mis à l’écart. Des riverains sont venus nous voir, mais rien pour nous. Le lendemain vers 23h, ça sentait le gaz sur la place. Je suis allée appeler les pompiers, ils sont venus, ils nous ont dit : « On revient vous voir. » Mais rien.
Donc les habitants du terrain n’ont reçu la visite de personne, sauf celle du gardien de l’aire ? Oui, le gardien, deux pompiers et la police pour nous dire : « Pour l’instant ne sortez pas avec les véhicules, c’est compliqué. »
Mais vous vouliez sortir avec les campines et ils ont dit non ?
Et nous, on a dit : « Monsieur, qu’est-ce qu’il faut qu’on fasse ? » Ils nous ont dit : « Si vous voulez évacuer, faites-le, mais les caravanes restent ici. » Donc oui. Mais on est des têtes dures chez les gens du voyage, donc on est resté avec nos enfants et nos caravanes. Là, l’usine fume encore.
Est-ce que les campines sont abimées ? Est-ce que vous sentez des effets de la pollution de l’air ? T’imagines un peu comme on était pétrifiés par la peur. Ben non, nos campines à nous non. La santé, ça nous pique toujours dans la gorge et mal à la tête.
Est-ce que quelqu’un de la mairie ou de la préfecture est venu depuis l’incendie ? Nous voir ? Non, personne. Pourtant la mairie est à quelques mètres de chez nous.
Et le gardien de l’aire vous a dit quoi ? Rien, à part de nous avoir dit : « Restez dans vos caravanes et mettez des masques. »
À quelle société appartient le terrain ? Le gardien travaille pour qui ? Le gardien travaille pour la métropole de Rouen. Franchement ce que moi j’ai à dire aujourd’hui sur ça, c’est qu’on a été mis à l’écart et, comparés aux riverains, ils ne se sont pas tracassés pour nous.
Les enfants ont eu peur ? Les enfants disaient : « Viens Maman, on s’en va, on va brûler ! » Vous êtes combien à peu près sur le terrain ? On est trente caravanes.
C’est beaucoup. Oui, c’est énorme et il y a beaucoup d’enfants. La mairie le sait qu’il y a beaucoup d’enfants, ils sont scolarisés dans leur ville.
Tout le monde est en colère aujourd’hui ? Oui, tout le monde se pose la question : « Pourquoi on nous a traité comme ça ? » On nous met à part des autres.
Et que comptez-vous faire ? Eh bien que voulez-vous qu’on fasse ? Nous, on ne gagne jamais. On n’aura jamais raison.
En France, plusieurs
collectifs se battent pour obtenir la relocalisation
des aires d’accueil dans des environnements moins
dégradés.
Le Collectif des femmes de l’aire
d’accueil des gens du voyage d’Hellemmes-Ronchin
(59) appelle à manifester le 9 octobre prochain
(13h30, sur la Grand Place, à Lille).
Un film
réalisé par les femmes d’Hellemmes rend compte de
leurs conditions de vie et de leur combat : Nos
poumons c’est du béton
Un film réalisé par les femmes d'Hellemmes
Nos poumons c'est du béton !
Entretien réalisé avec l’aide
de William Acker, Lise Foisneau, Valentin Merlin et
Rémy Vienot.
Chanson contre le 5eme mandat avec DJAM, AMEL ZEN et
plein d'artistes
J’y suis, j’y
reste !
Abdelaziz
Bouteflika, par un tour de passe-passe d’une
incroyable légèreté politique, annule l’élection
présidentielle du 18 avril 2019 pour… rester encore
au pouvoir.
Au moment où des millions d’Algériens exigent qu’il
quitte la scène politique pour son incapacité à
diriger le pays, il se fait concocter une bonne
«recette» politique à travers un texte allant dans
le sens du poil, glorifiant le peuple et sa
mobilisation pacifique à présent légendaire.
Certes, il ne postule plus à un 5e mandat, évitant
l’écueil du certificat médical et du Conseil
constitutionnel, mais s’accroche encore au pouvoir
pour quelques bonnes années. En d’autres termes, le
président Bouteflika énonce les mêmes promesses
avancées lors de sa candidature, une démarche déjà
très critiquée par l’opposition et les personnalités
nationales indépendantes. Cette annulation avec une
telle légèreté de l’élection présidentielle pose
déjà problème.
Sur quelle base politique compte-t-il convaincre la
société algérienne ? Y a-t-il un état de guerre ? La
nation est-elle menacée ? Les marches des millions
d’Algériens sont pacifiques, elles ne génèrent ni
violence ni désordre, selon les déclarations des
officiels.
Abdelaziz Bouteflika compte rester encore au pouvoir
pendant deux bonnes années, le temps de terminer sa
longue, très longue carrière politique et
diplomatique aux «commandes» du pays.
L’homme est en déphasage complet avec le pays et le
peuple.
Les Algériens vont-ils accepter ce nouveau scénario
digne d’un film de série B ? La ficelle est un peu
trop grosse.
Va-t-il convaincre cette jeunesse pétillante, qui
veut tourner cette page bouteflikienne le plus vite
possible pour passer à autre chose, qui serait
l’avenir ?
Abdelaziz Bouteflika, c’est déjà le passé depuis de
longues années.
Il est le seul, apparemment, à ne pas le comprendre…
J’ai tout cassé les Monoprix
et j’ai brûlé tous les Franprix
et comme Macron ne disait rien
j’ai recommencé le refrain.
J’ai descellé tous les pavés
et j’ai trouvé où les jeter.
J’ai renversé toutes les bagnoles qui
stationnaient chez les bourgeois
Fallait pas me traiter de voyou
Dire que j’étais infiltré
Si tu dis que des mensonges
Je reviendrai la semaine prochaine
J’ai tout démonté les chantiers
j’ai étalé des grafittis
j’ai tout brisé les belles vitrines.
J’ai déchiré les relevés de compte
j’ai tout haché menu menu
l’économie c’est bien fini.
J’ai repeint tous les policiers, j’ai bien
bloqué tous les rond-points
Fallait pas me traiter de voyou
Dire que j’étais infiltré
Si tu dis que des mensonges
Je reviendrai la semaine prochaine
J’ai tout renversé les poubelles,
j’ai allumé des incendies
j’ai fait gazer tout le 8e qui s’en souviendra
pour la vie
Fallait pas me traiter de voyou
Dire que j’étais infiltré
Si tu dis que des mensonges
Je reviendrai la semaine prochaine
Si tu dis que des mensonges
Je reviendrai la semaine prochaine
Clip de
soutien à Notre dame des landes, retraçant
l’histoire de la lutte contre l’aéroport pendant la
période des affrontements et des expulsions
La fièvre indépendantiste gagne le hip-hop
catalan
Guillaume Krempp et Léa
Fournier
Graffiti de l'artiste Werens demandant la
libération des «prisonniers politiques»
espagnols,
à
Barcelone, le 22 février 2018 | Léa Fournier
Indignée par les condamnations de rappeurs, la
scène barcelonaise se mobilise pour la liberté
d'expression et s’engage pour la Catalogne.
En quinze jours, deux rappeurs espagnols ont été
condamnés à des peines de prison... pour des
chansons. Le 20 février, le chanteur majorquin
Valtònyc a été sanctionné par le Tribunal
suprême espagnol: il doit passer
trois ans et
demi derrière les barreaux.
Son ami, Pablo Hasel, a
quant à lui
écopé de
deux ans et un jour de prison, le 2 mars. Si sa
peine est confirmée en appel, il sera incarcéré
pour «apologie du terrorisme» et «insultes et
calomnies contre la Couronne et les institutions
étatiques».
En prison pour ses textes
À Barcelone, les pseudos des deux artistes sont
sur toutes les lèvres. Valtònyc est le chanteur
qui mobilise le plus –il sera le premier rappeur
enfermé pour ses textes. Son sort a suscité
l'indignation des indépendantistes qui,
galvanisés par leur
large victoire au référendum
du 1er octobre(90 % de votes pro-indépendance
de la Catalogne), dénoncent une énième
répression de l’État espagnol.
Âgé de 30 ans, Valtònyc est un soutien de la
cause indépendantiste catalane. Celui qui vend
des fruits pour gagner sa vie et qui rappe pour
exprimer ses idées antifascistes et
anticapitalistes a été condamné pour «apologie
du terrorisme, humiliation des victimes,
calomnies, injures graves à la couronne et
menaces», dans seize de ses textes.
L'un d'entre eux mentionne le groupe terroriste
et séparatiste ETA: «Je veux transmettre aux
Espagnols un message d'espoir, ETA est une
grande nation» –une citation qui figure dans le
verdict du Tribunal suprême, référence au lapsus
de l'actuel Premier ministre espagnol, Mariano Rajoy, lors d'un discours en 2007.
Le cas Valtònyc a fait la une de plusieurs
quotidiens catalans, comme le journal de
centre-gauche Periodico de Catalunya du 22
février: le rappeur
y figure dans un
dossier
intitulé «BÂILLONNÉS».
Comme nous
l'expliquions récemment, Valtònyc a
été condamné sur la base de la «loi organique de
protection de la sécurité publique» de 2015,
plus connue sous le nom de «loi bâillon». Depuis
l’adoption de ce texte, critiquer la monarchie,
commettre un outrage au drapeau ou prendre des
vidéos de policiers en service sont
condamnables.
Samedi 24 février, Pablo Hasel a accordé un
entretien à Slate. Il vit à Lérida, ville
catalane de 137.000 habitants. L’activiste
communiste et pro-indépendance s’est déplacé à
Barcelone pour participer à un débat sur la
censure. Dans un local du parti socialiste et
indépendantiste Poble lliure (PL, «Village
libre»), il s’exprime sur la condamnation de son
ami Valtònyc. Le chômeur de 29 ans a le regard
sombre: «C’est la première fois qu’un rappeur
ira en prison pour ses textes en Espagne.»
Et il pourrait être le deuxième: en avril 2014,
Pablo Hasel a déjà été condamné à deux ans de
prison pour «apologie du terrorisme». La peine,
inférieure à vingt-quatre mois, lui a permis
d'éviter l'incarcération. Sa liberté est
aujourd'hui suspendue à la décision du Tribunal
suprême espagnol: si le verdict du 2 mars 2018
est confirmé, il devra passer quatre ans
derrière les barreaux.
Turquie les musiciens de Grup Yorum défient le pouvoir turc
Par Julie Honoré, à Istanbul
Quelques membres non-emprisonnés de Grup Yorum ont
donné un concert clandestin sur un toit en avril
Tous
leurs musiciens sont en prison. La moindre de
leur apparition est généralement suivie de gaz
lacrymogènes ou d’attaques en règle de la
police.
Mais,
ultime pied de nez au pouvoir en place, les
choristes et soutiens de Grup Yorum, l’un des
groupes de musique les plus populaires du pays,
organisent un concert ce 26 novembre au soir.
Les
touches du piano sont complètement défoncées. Il
manque des cordes au violon et les percussions
sont éventrées. Mais ils arrivent quand même à
jouer. Et surtout : ils se filment, affirmant :
“Nous avons raison. Nous allons gagner” (“Haklıyız
Kazanacağız”). Le clip, réalisé après une
violente descente de police, n’est qu’une des
énièmes provocations d’un groupe ultra-populaire
de Turquie : Grup Yorum. Le “collectif” n’a pas
l’apparence d'un groupe de rock rebelle : il
s’agit plutôt de musiciens dans la trentaine,
qui se produisent sur scène avec des chemises
repassées.
Alors qu’ils étaient habitués à jouer
dans des
stades ou des salles bondées, depuis la
tentative de coup d’Etat, il y a un an et demi,
le moindre concert de Grup Yorum (“commentaire”,
en turc) est désormais interdit, ou solidement
encadré par la police, pour décourager les
spectateurs. Celle-ci fait d’ailleurs de
nombreuses descentes dans leur “centre culturel”
d’Istanbul, arrêtant ceux qui s’y trouvent,
cassant les instruments ou interrompant les
répétitions. Une membre a affirmé
avoir été
“scalpée” lors d’une arrestation, et surtout :
tous les musiciens sont aujourd'hui derrière les
barreaux, la dernière membre (18 ans), ayant été
arrêtée il y a dix jours.
Concerts clandestins sur un toit ou dans une
camionnette
Pas de quoi impressionner les membres du groupe
et leurs soutiens, qui jouent au chat et à la
souris avec les autorités. “On s’arrange pour
faire entendre notre musique et notre voix quand
même”, rit une choriste, racontant la fois où,
en avril dernier, les musiciens
“non-emprisonnés”, aidés de quelques soutiens,
sont montés sur le toit d’un immeuble
stambouliote, guitares et violons à la main, et
où ils ont relié leurs amplis à des
hauts-parleurs et diffusé leur musique.
Les Grup Yorum installent aussi leurs
instruments à l’arrière des camionnettes et
tournent dans les quartiers ou déplient
d'immenses banderoles au sommet des collines
turques. “Vous ne pouvez pas nous faire taire”
(“Susturulamaz”), préviennent-ils. Leurs faits
et gestes sont publiés sur leur page Facebook et
aimés par des centaines de personnes. Leurs
“fans” envoient aussi régulièrement des vidéos,
dans lesquelles ils chantent des airs du groupe,
appelant à leur libération.
Ultime provocation, la sortie, à la rentrée,
d’un
double-album, “Ille Kavga”, (“combat
nécessaire”) alors même que la majorité des
membres était derrière les barreaux. “Croyez-le
ou non, nous aurions pu faire 3 CD si nous
avions pu”, annonçait le communiqué de presse
qui accompagnait la sortie, indiquant le dédier
aux “membres qui sont en prison”. Sur la
pochette, les photos des instruments détruits
par les descentes de police et soigneusement
gardés pour témoigner de la violence des agents.
Des “terroristes” pour le pouvoir
Des pirates, ces Grup Yorum. Rassemblés il y a
plus de trente ans, très engagés à gauche de la
gauche, ils chantent en turc, mais aussi en
kurde, arabe ou circassien. A travers leur
musique, ils contestent régulièrement les prises
de position du gouvernement, mais pas que : la
politique des Etats-Unis, la guerre en Syrie,
tout y passe. Trop “révolutionnaires” pour le
gouvernement actuel. Il les a
désignés comme des
proches du DHKP-G, un groupuscule classé comme
terroriste en Turquie, aux Etats-Unis et dans
l’Union Européenne (UE), et qui a revendiqué
l'attaque de postes de police ou de l’ambassade
américaine à Ankara.
Aujourd’hui, l’intégralité des membres du groupe
est donc en prison. En plein état d’urgence,
assister à leur concert peut même désormais se
révéler être une preuve à charge dans les
tribunaux : la semaine dernière, un témoin a
indiqué avoir accompagné Nuriye Gülmen, en grève
de la faim depuis le mois de mars, à une de
leurs représentations. Comme une preuve
incontestable que cette dernière fait partie
d’une organisation terroriste.
Avec le concert de ce dimanche 26 novembre,
donné par une quinzaine de choristes et de
musiciens supporters, le groupe est conscient de
provoquer à nouveau le gouvernement. “Nous
attendons plus d’un millier de personnes”,
indique une choriste, qui, si elle doute de
l’interdiction de l’évènement, n’exclut pas que
la police vienne “intimider” les spectateurs, en
se plaçant à l’entrée de la salle. “Le pouvoir
interdit nos concerts, il nous arrête parce
qu’il a peur”, indique-t-elle.
Avant d’être arrêtée, Seher, la dernière membre
du groupe encore en liberté, nous avait
recommandé d’écouter la chanson “Sen varsin
ya””, publiée dans le dernier album. Le sens ?
“Tout est possible parce que tu es là”.
Le «
ministère de la vérité »
un
Tchernobyl dans l’espace médiatique ukrainien
Tatiana Tabounova
Kiev a
finalement reconnu qu’un accident s’est produit sur
la centrale nucléaire de Zaporojie. La situation
d’urgence est survenue le 28 novembre, mais les
médias locaux ont reçu l’ordre de ne pas diffuser
cette information le jour même.
Un endommagement de la protection d’un
transformateur a mis hors service le troisième bloc
de la centrale de Zaporojie en Ukraine. Il s’agit de
la plus grande centrale nucléaire en Europe, avec
une capacité de 6000 MW. A titre de comparaison, la
capacité de la centrale nucléaire de Tchernobyl, sur
laquelle un accident s’est produit en 1986, atteint
4000 MW. Après la tragédie de Tchernobyl, une
Convention internationale a été adoptée, en vertu de
laquelle les pays doivent informer l’AIEA de tout
incident qui se produit sur les sites nucléaires,
surtout s’il présente un risque de contamination
pour les pays voisins.
Mais Kiev a préféré dans un premier temps de passer
sous silence l’incident à la centrale nucléaire de
Zaporojie.
Des
millions d’habitants de différentes régions
d’Ukraine sont restés privés d’électricité et de
chauffage dans leurs appartements, mais les médias
n’ont pas parlé de ces faits. Car ils ont reçu
l’ordre de la part du gouvernement ukrainien de ne
rien dire. S’étant rendus compte qu’il n’y a pas eu
de fuites de radioactivité dans l’atmosphère, et que
l’information sur les coupures d’électricité s’était
infiltrée dans la presse étrangère, Kiev a
finalement reconnu qu’une situation d’urgence
s’était créée à la centrale.
Pour mieux contrôler le flux d’information dans les
médias, les autorités de Kiev ont décidé de créer un
"ministère de la Politique d’information" au sein du
nouveau gouvernement. Ce ministère a pour objectif
de fabriquer une bonne image de l’Ukraine et
d’interdire toute influence externe sur l’espace
médiatique ukrainien. Les journalistes ont déjà
surnommé la nouvelle institution « ministère de la
vérité ».
« Le régime ukrainien poursuit sa politique barbare
envers les citoyens des républiques autoproclamées
de Donetsk et de Lougansk », commente Sergueï
Jelezniak, chef du Comité de la Douma d’Etat en
charge de la politique d’information. « Mais pour
masquer les conséquences de cette politique, il doit
adopter des mesures spéciales pour passer sous
silence et déformer les informations. Kiev a
apparemment décidé qu’un nouveau ministère devait
être créé pour assumer cette mission ».
Les chaînes de télévision russes ont été interdites
en Ukraine après le renversement du régime de
Ianoukovitch en février. Quant aux médias, dont les
noms contenaient le nom « russe », ils se sont vus
retirer leurs licences.
Pour
remplir le vide qui s’est créé dans l’espace
médiatique ukrainien, les autorités ont décidé
d’engager « des phrases soigneusement vérifiées »
et des employés qui ont été « testés ».
« Ce ministère va évidemment limiter la liberté de
parole et former en Ukraine un ordre particulier »,
analyse le directeur général du Centre d’information
politique Alexeï Moukine. « Il est peu probable que
le gouvernement puisse résoudre à court terme les
problèmes économiques et sociaux de la population.
Mais il sera obligé de créer ainsi une image
positive du pays ».
Les députés de la nouvelle Verkhovna Rada (parlement
ukrainien) ont présenté récemment un projet
interdisant le parti communiste, l’idéologie
communiste et tous les symboles qui correspondent au
parti communiste. Ainsi des drapeaux rouges et des
livres sur Lénine font partie des attributs
interdits en Ukraine. Mais en interprétant cela, les
médias locaux devront expliquer qu’il s’agit « d’une
manifestation de la démocratie ». Sinon, leurs
explications seront censurées par le nouveau «
ministère de la vérité ».
Après
l’austérité imposée par la Troïka, la Grèce doit
subir la fermeture de la radio-télévision publique.
Qu’attendent donc les habituels défenseurs des
droits de l’homme pour donner de la voix?
Si, sous un prétexte quelconque, Vladimir Poutine
décidait de fermer la radio-télévision de Russie,
certains y verraient le retour programmé de feu
l’URSS, et la preuve manifeste qu’un ancien du KGB
reste un ancien du KGB.
Si la Serbie imposait l’écran noir sur ses
chaînes publiques, la cohorte des
droits-de-l’hommistes se déchainerait. Ils
proposeraient de bloquer l’entrée de Belgrade dans
l’Union Européenne, rappelleraient que les Serbes
sont des éradicateurs de libertés publiques de pères
en fils, que l’ombre de Milosevic place encore sur
le pays, et qu’il serait temps de mettre ce pays au
ban des nations civilisés jusqu’à ce qu’il recouvrît
le sens des réalités démocratiques.
Si le président Maduro qui a succédé à
Chavez, au Venezuela, décrétait le black out des
écrans, Le Monde lancerait un appel au boycott
immédiat.
Si la Chine coupait toutes les télés pour une
durée indéterminée, les anciens maoïstes reconvertis
dans les affaires appelleraient à bloquer les
échanges avec Pékin, sauf les échanges économiques,
car il ne faut pas mélanger la politique et le
business. Ils seraient rejoints par Robert Ménard,
qui oublierait son engagement aux côtés des petits
soldats de Marine Le Pen à Béziers pour brandir
l’étendard de la liberté qu’il agitait du temps où
il dirigeait Reporters Sans Frontières.
Dans l’un quelconque des cas évoqués ci-dessus, les
pétitionnaires donneraient de la voix. BHL
quitterait son ghetto doré de Saint-Paul-de-Vence
pour appeler à la défense des libertés, emmenant
derrière sa chemise blanche les cohortes habituelles
de grandes âmes, de beaux esprits, et de cœurs
meurtris.
Mais quand cela se passe à Athènes, à 3h de vol
d’avion de Paris, personne ne bouge.
Quand le gouvernement d’un pays membre de
l’Union Européenne ferme sa radio-télévision
publique du jour au lendemain, nulle voix autorisée
ne s’élève.
Quand un pouvoir établit une censure de fait sur les
ondes publiques – une première depuis le coup d’Etat
des Colonels - un lâche soulagement domine.
Quand l’un des 27 membres de l’Union Européenne
s’assoit sur l’une des règles de base de la
démocratie, l’UE se contente de « prendre note »,
comme s’il s’agissait d’un point de détail,
rappelant ensuite qu’il faudra bien, un jour,
reconstruire un service public de l’information. A
Pâques ou à la Trinité ?
Quand le ministre de l’information de Grèce
ose ce qu’un Jorg Haider n’avait pas osé faire en
Autriche, aucun responsable politique ne suggère
d’élever un cordon sanitaire autour de la Grèce en
la sommant de rentrer dans le rang.
Quand ce même ministre explique qu’il a dû prendre
cette décision parce que la télévision était « mal
gérée », aucune autorité ne lui fait remarquer
qu’avec un tel raisonnement il aurait fallu fermer
toutes les banques après la crise de 2008.
La Grèce subissait déjà le talon de fer de
l’austérité imposé par la Troïka. La voilà
maintenant réduite à l’interdit médiatique sous des
prétextes aussi obscurs que ses écrans. Au crime
économique s’ajoute ainsi un assassinat
démocratique.
Jusqu’où faudra-t-il aller pour que l’on dise :
assez !
Pour que vivent les radios libres et gratuites
contre le rouleau compresseur du numérique
Appel / pétition
La Radio Numérique Terrestre (RNT) : mai 2012 - État des
lieux
Il y a plus de 30 ans, le mouvement des radios libres
faisait tomber le monopole d’État sur la radiodiffusion
et ouvrait la bande FM aux multiples expressions
sociales, culturelles, politiques et musicales. Beaucoup
des « historiques » ont disparu ou basculé plus ou moins
dans la pub et sont passées du côté commercial.
Cependant nous restons un certain nombre à revendiquer
notre indépendance et notre liberté de contenu.
La diffusion hertzienne reste pour nous la plus adaptée
car elle est simple, de qualité et peu onéreuse. En
2008, le CSA sommait les radios associatives de rentrer
dans les rangs du numérique. A cette époque déjà,
nous formulions des réticences
. Aujourd’hui, alors que le projet du numérique avait
été gelé, nous avons appris par voie de presse qu’il
était relancé, avec en prime un « cadeau » empoisonné :
la création de la radio payante !
Le CSA, suivi par les syndicats, censés représenter les
radios associatives, foncent sans concertation ni
réflexion véritable vers un projet qui pourtant implique
une véritable transformation du Média Radio. Il nous
présente ce passage comme inéluctable : suivre ou aller
crever sur la bande FM...
Malgré l’expérience désastreuse de la télé numérique
(TNT), la Radio Numérique Terrestre nous est présentée
comme une innovation technologique ultra moderne :
meilleur son, meilleure diffusion, meilleure réception.
Des arguments d’industriels et de financiers qui sont
discutables voire mensongers.
La RNT : le clonage des programmes n’est pas
pluralisme : la RNT nous est présentée comme la
garantie d’une plus grande diversité.
Aujourd’hui, 600 radios associatives garantissent la
pluralité des opinions et l’accès démocratique aux
médias. Elles puisent leur richesse dans leur capacité à
relayer la parole des acteurs locaux à travers des
moyens d’expression peu ou pas employés par les autres
médias, offrant ainsi une diversité d’expression,
d’expérimentation, de création et d’innovation tant au
niveau du contenu que de la forme. Or, nous voyons dans
le passage au numérique une mise en danger des radios
associatives non commerciales, une volonté
d’uniformisation du paysage radiophonique et la
consécration d’une conception technocratique de
l’audiovisuel.
La RNT, çà coûte cher !
Le passage au numérique représente un coût considérable
pour les radios : investissement en matériel, formation
à la nouvelle technologie et double diffusion pendant
plusieurs années (sur la bande FM et sur la bande
numérique). Or, à ce jour, dans le contexte généralisé
de baisse des aides publiques qui affecte l’ensemble du
secteur associatif, aucune réponse satisfaisante n’a été
donnée concernant la prise en charge du financement de
la diffusion en numérique des radios associatives.
Les coûts liés à la double diffusion risquent de les
rendre toujours plus dépendantes des subventions d’état,
régionales, locales et donc du bon vouloir des élus, au
risque de compromettre leur liberté éditoriale. La
réalité des radios sans publicité ni profit est tout
bonnement ignorée. Il en va d’elles comme, par
exemple, des minimas sociaux, de la santé, de
l’éducation ou de la recherche fondamentale : ce qui
n’est pas rentable pourrait tout aussi bien disparaître.
Si passage à la radio numérique il y a, nous demandons
une prise en charge des coûts de diffusion par les
pouvoirs publics (par le FSER, Fond de Soutien à
l’Expression Radiophonique ou tout autre dispositif).
Avec la RNT, le son ne sera pas de meilleure qualité
! La RNT proposera des taux de compression du signal
sonore entre 64 kbps et 256 kbps, c’est-à-dire entre une
très mauvaise qualité et une (relativement) bonne
qualité. Le principe démocratique d’une qualité
équivalente pour tous disparaît lors du passage à la RNT.
La RNT, c’est un meilleur son pour tout le monde sauf
pour ceux qui ne pourront pas se le payer.
Avec le numérique un nouvel acteur privé payant entre en
scène : le multiplexeur, canal dans lequel huit
ou neuf radios doivent entrer, de gré ou de force. Des
mariages forcés entre des radios n’ayant pas la même
sensibilité devront donc être conclus. Que pèsera alors
une petite radio associative face à des radios
commerciales devant le conseil d’administration d’une
société de multiplexage privée ? Le multiplexage signe
également la fin de l’auto-diffusion et met en danger
de nombreuses petites radios associatives locales
telle que Radio Larzac. Une double obligation s’impose
aux radios : celle de transiter par un prestataire et
celle de se « pacser » avec d’autres radios pour être
diffusées.
Avec la RNT, pour le même coût, les zones de diffusion
seront réduites ce qui privera une partie des auditeurs
des radios locales de leurs programmes. En région
parisienne, si nous prenons l’exemple de Fréquence Paris
Plurielle, une grande partie de la population de la
banlieue, celle de certaines prisons, ne sera plus
couverte. Ce public auquel nous sommes attachés et qui
fait la richesse de notre antenne est pourtant notre
auditorat depuis la création de la radio, il y a 20 ans
!
Le numérique c’est aussi une logique binaire et sans
nuance : ça marche ou ça ne marche pas du tout ! Adieu
la bidouille et la liberté de capter la bande FM avec un
vieux transistor. Le passage au numérique, c’est des
nouveaux postes radio qui permettent de développer la
publicité et l’image (!) sur des écrans : il
intéresse principalement les radios qui souhaitent
exploiter ces données associées.
Actuellement, chaque foyer possède au moins six postes
radios. Pour recevoir la radio numérique les
auditeurs devront impérativement acheter de nouveaux
postes récepteurs. Des millions de postes FM vont
être jetés pour être remplacés par du matériel cher,
à l’obsolescence programmée. Une manne pour les
industriels bien sûr mais des dépenses supplémentaires
pour de nombreuses personnes qui n’ont ni les moyens
financiers, ni l’aisance technique, pour accéder à cette
technologie.
Avec d’autres, nous avons fait le choix de donner la
parole à ceux qui ne l’ont pas : les habitants des
quartiers populaires, les non-professionnels, les
non-spécialistes, les communautés immigrées, le
mouvement social, les acteurs et actrices des luttes,
les initiatives culturelles non-commerciales... La
radio qui est en FM un média simple d’accès et quasiment
gratuit risque de devenir un outil technologique
discriminant.
FACE À CETTE LOGIQUE DE CONSOMMATION, DE CONTRAINTE, DE
RENTABILITÉ, D’UNIFORMISATION, NOUS, NOUS RESTONS
ILLOGIQUES ET NON, NOUS NE CRÈVERONS PAS !
NOUS EXIGEONS :
- LE MAINTIEN DE LA BANDE FM SUR LE LONG TERME.
- QUE LES RADIOS PUISSENT EFFECTUER LEUR TRANSITION VERS
LE NUMÉRIQUE QUAND ELLES LE SOUHAITERONT.
- QUE LE PASSAGE AU NUMÉRIQUE N’OCCASIONNE LA
DISPARITION D’AUCUNE RADIO ASSOCIATIVE NON-COMMERCIALE.
UNE PART ÉGALE VOIR SUPÉRIEURE, DES RADIOS DE CATÉGORIE
A, DOIT ÊTRE RÉSERVÉE SUR LA BANDE NUMÉRIQUE.
- LE PASSAGE AU NUMÉRIQUE DOIT ÊTRE FINANCÉ PAR L’ETAT,
AUSSI BIEN LA DIFFUSION QUE LES FRAIS D’ÉQUIPEMENT (PAR
LE BIAIS DU FSER OU AUTRE...)
- LES FRAIS DU PASSAGE AU NUMÉRIQUE (DIFFUSION ET
ÉQUIPEMENT - DOIVENT ÊTRE PRIS EN CHARGE PAR L’ÉTAT -
PAR LE BIAIS DU FSER OU AUTREMENT).
Appel à se rejoindre entre petits lieux de diffusion
culturelle et collectifs organisateurs de concerts !
Depuis toujours, les petits lieux de diffusion
culturelle comme les asbl, les maisons de jeunes,
les petites salles, les petits bistrots et les
collectifs organisateurs qui utilisent et
participent à la dynamisation de ces petits lieux,
jouent un rôle déterminant dans la promotion des
pratiques et des expressions culturelles
minoritaires et non commerciales.
À ce titre, nous lançons cet appel à la mobilisation
pour réclamer une reconnaissance de nos spécificités
par la SABAM et les pouvoirs publics qui les
encadrent. Nous ne pouvons plus accepter que les
réalités de la programmation de musiques vivantes
dans les petits lieux ne soient pas prises en compte.
Nous voulons être reconnus dans nos rôles
d'incubateurs de compétences et de talents, de
tremplin pour les artistes, de dynamiseurs culturels
des quartiers et des villes, de micro service public
ouvert et accessible à tous, de maillon essentiel
dans la chaîne de diffusion artistique. Nous sommes
vitaux pour la culture créative de notre ville et de
notre pays alors que notre situation économique est
souvent précaire.
Nous dénonçons les pratiques
abusives et les tarifs exorbitants de la SABAM !
- Les
tarifs fixés par la SABAM sont démesurés en regard
des cachets artistiques, des rentrées générées par
l'organisation de spectacle et des budgets dont
disposent les organisateurs;
- La SABAM fixe et modifie ses tarifs comme elle le
veut, sans concertation, et les applique de manière
totalement arbitraire dans une logique qui
correspond bien plus à son statut de société
commerciale dans une situation de quasi monopole
qu'au mandat qui lui est confié;
- Les forfaits qu'elle encaisse sans avoir aucune
idée des œuvres qui ont été diffusées rendent
impossible de les reverser aux artistes de manière
équitable. La SABAM dit défendre les droits de tous
les auteurs, mais, dans de nombreux cas, elle
encaisse des forfaits déterminés sans véritables
critères objectifs. Dès lors, il lui est impossible
d'identifier les auteurs, qui ne reçoivent donc rien
en retour. Cette manière de procéder est un
gigantesque racket organisé;
- L'absence totale de transparence et d'équité dans
sa manière de reverser les sommes perçues aux ayants
droit, ainsi que les démarches qu'ils doivent suivre
pour réclamer leurs droits, lui permettent de
cumuler des bénéfices énormes au seul profit des
artistes les plus connus;
- Elle applique des amendes abusives et très
contestables en cas de non paiement ou de non
respect de ses règles;
- La SABAM ne vérifie pas si les auteurs sont bien
affiliés chez elle avant de réclamer des droits
d'auteur. Dès lors, il arrive régulièrement qu'elle
réclame des droits pour des oeuvres sans être
mandatée pour le faire. Elle perçoit donc des sommes
considérables au nom d'auteurs qui ne verront jamais
le moindre cent en retour.
Nous voulons rester libres d'organiser des
spectacles par passion et non dans un but lucratif
et vous proposons de nous mobiliser pour résister à
ce racket en réclamant une exonération de la
redevance SABAM pour les petits lieux de diffusion
culturelle et les collectifs organisateurs.
Nous ne cherchons pas à ne pas payer de droits
d'auteur mais à avoir le droit de les négocier
directement avec les artistes. En contrepartie, nous
nous engageons à continuer de programmer des
artistes marginaux et inconnus, à accueillir des
artistes émergents pour permettre un renouvellement
continu de la scène, à soutenir la création dans
toute sa diversité, à favoriser une culture de
proximité, conviviale et éclectique, à travailler
dans un objectif d'éveil culturel des publics en
proposant différentes formes de pratiques
artistiques.
Nous appelons également les "petits" artistes à
rejoindre notre appel car il est évident que la
suppression de la redevance ne servirait qu'à
faciliter l'accès aux musiciens et à leur verser un
cachet décent. Les conditions économiques des petits
lieux de diffusion et des organisateurs ont une
incidence directe sur les artistes qui s'y
produisent. étant conscients que la circulation du
spectacle pour les artistes reste un gros problème,
votre soutien aux petits lieux de diffusion et aux
collectifs organisateurs est plus que pertinent.
Nous informons également les artistes, qu'il est
toujours possible de gérer eux-mêmes leurs droits ou
une partie de ceux-ci (par exemple pour les
concerts), qu'il n'y a aucune obligation à
s'affilier à la SABAM pour pouvoir sortir un disque,
que cette affiliation ne signifie aucunement la
protection de leurs compositions et qu'il existe des
alternatives.
À plus long terme, nous incitons également les
pouvoirs publics à se pencher sur une modification
en profondeur de la loi concernant les droits
d'auteurs avec pour objectif de ne plus confier
cette gestion qu'à des asbl ou des sociétés à
finalités sociales, et non plus commerciales, car
c'est finalement la seule manière de garantir une
transparence et une égalité de traitement.
Si vous vous sentez concernés par cet appel, que
vous y adhérez et que vous êtes prêts à vous
mobiliser, ou que vous souhaitez plus d'info,
contactez-nous à l’adresse
stopauracketsabam@gmail.com
ou au 04 341 07 27 (La Zone) ou 04 343 17 51 (L’Aquilone).
Cet appel est issu de la plateforme CLIMA
(Coordination Liégeoise des Musiques Amplifiées).